Hilde Vernaillen et Hein Lannoy, présidente et CEO d'Assuralia, reviennent sur l'année 2021 à travers cinq thèmes

Présidente & CEO

Hilde Vernaillen et Hein Lannoy, présidente et CEO d'Assuralia,
reviennent sur l'année 2021 à travers cinq thèmes

Hilde Vernaillen, et Hein Lannoy ont une année compliquée derrière eux, mais ont également le regard tourné vers l’avenir avec beaucoup d’ambitions pour le secteur. La présidente et le CEO voient le développement d’un partenariat constructif entre le secteur et les autorités comme le principal levier pour continuer à protéger les clients contre les conséquences du changement climatique. C’est leur billet de nouvel an, en quelques mots clés pour le secteur.

Hilde Vernaillen: Lorsque je jette un coup d'œil rétrospectif sur l’année écoulée – mais aussi sur l’année d’avant –, je dois avouer que ce fut une période compliquée. Il y a d’abord eu la crise du coronavirus au printemps de l’année 2020 et ensuite les inondations dramatiques dans la vallée de la Vesdre pendant l’été 2021. Mais malgré ces circonstances difficiles, nous avons été là en tant que secteur de l’assurance pour soutenir les personnes et entreprises sinistrées. Pour le secteur du voyage et les entreprises d’exportation qui ont été affectés par les confinements, nous avons pris des mesures spécifiques. Et après les inondations, il y a eu, entre autres, le report de paiement des primes de l’assurance incendie et nous avons étendu les couvertures de certaines assurances. Grâce à une concertation constructive avec les autorités wallonnes, nous avons réussi à indemniser les assurés pour le montant total qui était assuré, ce qui s’est révélé capital pour les nombreuses victimes et nous pouvons en être fiers.

Hein Lannoy: J’ai pris mes fonctions de CEO d’Assuralia, juste après l’éclatement de la pandémie de coronavirus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce fut deux années particulièrement passionnantes, mais aussi mouvementées. Grâce à l’intense collaboration avec nos membres au cours de cette période, j’ai appris à vraiment bien connaître tout le monde. Et je peux vous affirmer avec la main sur le cœur que tous les CEO de nos entreprises d’assurances étaient véritablement soucieux d’assumer leur rôle sociétal. J’en suis profondément convaincu. Aux détracteurs qui affirment que nous n’en avons en tant que secteur pas fait assez, je dis qu’ils ont tort. Il ne faut pas non plus oublier que la mise en œuvre de toutes les mesures prises a représenté un travail titanesque sur le plan opérationnel et logistique. Il faut en outre que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. Dans le cadre strict de la législation, nous avons en tant que secteur tout fait pour aider là où c’était possible, sans causer de distorsion de concurrence. Et en ma qualité de CEO de la fédération professionnelle, j’en suis très satisfait.

Confiance

Hein: Historiquement, le secteur de l’assurance a toujours suscité une certaine méfiance auprès du grand public. Cette méfiance est évidemment injustifiée, mais elle s’explique par le fait que les assurances représentent inévitablement une matière juridique très complexe. Que ce soit chez les citoyens ou chez les décideurs politiques, nous constatons que leurs connaissances financières sur notre secteur sont parfois très sommaires. Disons que l’on n’aime que ce qu’on connaît. Nous devons vraiment améliorer ces connaissances afin d’éliminer ainsi cette méfiance. L’éducation financière constitue un levier indispensable pour augmenter sensiblement la confiance. Ça me chagrine toujours d’entendre des gens dire que les entreprises d’assurances font de gros bénéfices pour laisser entendre ensuite que faire du bénéfice est « quelque chose de honteux ». Pourtant, si nous pouvions expliquer à ces gens les mécanismes de notre secteur, ils se rendraient compte que faire du bénéfice est nécessaire. Sans bénéfice, un assureur ne peut pas jouer son rôle dans la société. Si un assureur n’est pas rentable, il se fait taper sur les doigts par les superviseurs belge et européen. Plus grave encore, s’il fait faillite, c’est tout le système qui vacille. Et cela, personne ne le souhaite.

Hilde: Afin de regagner la confiance de tout le monde, il faut aussi que le législateur nous donne un coup de pouce. Si trop d’interprétations sont possibles et que la réglementation est difficilement applicable, il en résulte une insécurité juridique. Les gens ne savent plus ce qu’il en est exactement. Nous militons en tant que fédération professionnelle pour une législation claire et stable. Une législation simplifiée peut nous aider à continuer à miser sur la transparence. Mais ce que nous constatons, c’est justement l’inverse. Ces dernières années, la législation s’est, sous l’impulsion de l’Europe, complexifiée. Plus nous devons donner des informations au consommateur, plus grandes sont les chances qu’il ou elle s’y perde. Nous constatons en même temps que le politique pense trop peu à long terme. Dans notre système politique, on a tendance à prendre des mesures qui ont un effet à court terme. Il s’agit là d’un obstacle pour regagner cette confiance auprès du citoyen.

Hein: Mais c’est à nous aussi de continuer à faire notre autocritique et à tendre toujours plus en tant que secteur à l’utilisation d’un langage accessible, clair et transparent. En 2022, nous entendons continuer à y œuvrer au niveau sectoriel avec le projet « Langage clair ».

Hein Lannoy

Hein Lannoy

CEO Assuralia

Notre grande ambition pour 2022 est la durabilité dans tous les domaines : dans la politique d’investissement, dans le développement de nouveaux produits et dans la politique du personnel.

 

Partenariat

Hein: Un partenariat constructif entre notre secteur et les autorités sera vraiment essentiel dans les prochaines années. Nous avons la conviction que le secteur de l’assurance ne pourra pas supporter seul le coût des dommages engendrés par des catastrophes naturelles telles que celles de l’été dernier en Wallonie. Car les primes que nous devrons alors demander au consommateur pour une assurance incendie deviendront alors impayables. Que ce soit nous ou les autorités, nous avons une responsabilité dans la maîtrise des risques. La prévention devient donc très importante. Les autorités peuvent parfaitement répondre à ce besoin de prévention en construisant l’infrastructure adéquate qui permet de parer aux conséquences du changement climatique ou en durcissant la législation en matière d’urbanisme. Ce débat, nous entendons en tout cas le mener avec le monde politique et nos responsables politiques dans les semaines et mois à venir. Nous devons conjointement avec les autorités réfléchir à l’infrastructure et nous pouvons en tant que secteur y investir également.

Hilde: Des partenariats avec les autorités peuvent vraiment bien fonctionner. Il suffit de regarder ce qui se fait aux Pays-Bas. Dans ce pays, les autorités ont investi énormément dans l’infrastructure après les graves inondations de 1953. Elles contrôlent mieux les conséquences dommageables de pluies diluviennes. En ce qui concerne notre pays, nous devons rechercher le juste équilibre, avec davantage d’attention pour la gestion hydrographique et l’adaptation des prescriptions urbanistiques en matière de construction. Je songe par exemple à une interdiction de construire des maisons équipées d’une cave dans la vallée de la Vesdre. Nous souhaitons nous mettre autour d’une table avec les autorités afin de nous atteler à cette question.

Digitalisation

Hilde: Tout comme dans de nombreux secteurs, la digitalisation bat son plein également au sein de nos compagnies d’assurances. Il est possible en ligne, au moyen d’une application, de souscrire déjà pas mal d’assurances, certainement s’il s’agit de produits simples. Mais une assurance n’est pas la même chose qu’un abonnement à un service de streaming ou de livraison de repas. En tant que secteur, il nous appartient de faire en sorte que les gens soient assurés correctement au juste prix et contre les bons risques au moyen de la couverture adéquate. Pour le secteur, il s’agit là d’un grand défi à relever. Nous constatons ainsi que pour les dossiers de sinistre, les courtiers et les agents jouent encore et toujours un rôle essentiel. La digitalisation au moyen d’une application, c’est bien, mais il ne faut pas tout en attendre.

Hein: Nous nous dirigeons quoi qu’il en soit vers davantage de digitalisation. Cette évolution a indéniablement commencé. Les assureurs y travaillent activement. Nous recherchons dans ce cadre également des formes de gamification (enregistrer le comportement au volant par exemple) afin d’impliquer les gens dans l’appli. Avec la digitalisation, nous récoltons un très grand nombre de données qui nous permettent de proposer au consommateur davantage de produits sur mesure. Un atout énorme, mais qui n’est pas sans risque. Un débat éthique que nous ne pouvons en tant que secteur pas éluder. A certaines personnes, des conducteurs prudents par exemple, il est possible de proposer des primes intéressantes, mais d’autres auront peut-être plus de difficultés à trouver une assurance. Qui entre en ligne de compte, qui pas ? Où mettons-nous la limite ? Jusqu’où pouvons-nous aller ? Nous devons maintenir le mécanisme de solidarité, même s’il s’agit d’un fragile équilibre. La digitalisation nous offre une multitude de possibilités, mais nous ne pouvons ignorer les effets pervers. Nous devons faire en sorte qu’en matière de protection, tout le monde puisse trouver une réponse à ses besoins.

Assuralia-Interview CEO en voorzitter Assuralia

La guerre des talents

Hein: Un des grands défis pour les prochaines années sera la recherche des collaborateurs idoines. Nous disposons pourtant de suffisamment d’atouts pour pouvoir motiver de jeunes gens à venir travailler dans notre secteur. C’est la raison pour laquelle nous avons dans un certain nombre de hautes écoles des projets en cours pour impliquer les étudiants. Nous constatons que les jeunes y réagissent d’une manière vraiment enthousiaste. En misant davantage sur l’éducation financière, nous espérons que les jeunes aussi se rendront compte de la plus-value d’un job chez un assureur.

Hilde Vernaillen

Hilde Vernaillen

Présidente Assuralia

Afin de regagner la confiance de tout le monde, il faut aussi que le législateur nous donne un coup de pouce. Si trop d’interprétations sont possibles et que la réglementation est difficilement applicable, il en résulte une insécurité juridique. Nous militons en tant que fédération professionnelle pour une législation claire et stable. Une législation simplifiée peut nous aider à continuer à miser sur la transparence..

Hilde: Analystes de données, informaticiens, spécialistes réseaux, ... tous les secteurs font face au problème que ces profils IT spécifiques sont très difficiles à trouver. Il s’agit de profils très prisés, généralement des jeunes gens qui estiment que notre secteur renvoie une image vieillotte. Pourtant, nous disposons d’une quantité colossale de données intéressantes que nous pouvons aller chercher chez les clients et dont nous pouvons dégager des analyses très intéressantes. Pour les spécialistes en matière de données, appliquer à souhait leurs algorithmes et leur intelligence artificielle à ces données, c’est le rêve ! Le secteur de l’assurance était par le passé un secteur qui offrait une bonne sécurité d’emploi et une rémunération à l’avenant. Mais les temps changent évidemment. Et les jeunes n’ont également plus les mêmes attentes à l’égard de leur employeur que les générations précédentes. Je pense pourtant que le secteur a encore beaucoup à offrir. Ainsi, le télétravail est devenu un véritable atout. Dans notre secteur, les collaborateurs ne devront passer en moyenne qu’un tiers de leur temps de travail au bureau. Le secteur est en cela très flexible, et cela devrait certainement convaincre les jeunes, je pense.

Ambitions pour 2022

Hein: Notre grande ambition pour 2022 est la durabilité dans tous les domaines : dans la politique d’investissement, dans le développement de nouveaux produits et dans la politique du personnel. N’allons-nous plus assurer une entreprise qui émet beaucoup de CO2 ? C’est une question pertinente, nous devons à cet égard rechercher des équilibres. Nous avons en tant que secteur des engagements à long terme, qu’il suffise de songer aux assurances-vie que nous proposons. Nous investissons dès lors dans des obligations de très longue durée, achetées parfois auprès d’entreprises qui aujourd’hui n’excellent plus dans le domaine de la durabilité. Mais il est très difficile de chambouler la totalité de son portefeuille de placements tant que ces obligations sont encore rentables. Nous devons rechercher un équilibre acceptable. Un compromis entre durabilité et stabilité financière de nos assureurs.

Hilde: Au niveau d’Assuralia, nous déploierons cette année une vision et une mission actualisées pour la fédération, après un exercice de positionnement approfondi en 2021. Nous entendons aligner les ambitions de l’association sur les défis d’aujourd’hui. Cela aussi, c’est créer de la confiance avec les membres, la société au sens large et toutes nos parties prenantes.


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